Avant-propos
Dans Dernière Caravane pour Zeïlah (2018), j’avais hardiment
entrepris d’imaginer ce qu’aurait pu être le carnet de route étoffé
entre Harar et le golfe d’Aden d’Arthur Rimbaud. Lequel, traversant le
désert somali pour la dernière fois, va être contraint de quitter
définitivement l’Afrique et son statut d’infatigable baroudeur. C’est la
vie que l’Ardennais a choisie, succédant à celle où il espérait devenir
l’inapaisable bienfaiteur de sa poésie inventive. Il a été beaucoup
glosé sur les aspirations et les inspirations d’Arthur. Les biographes
témoignent d’une quête perpétuelle sur le sens à donner à cette destinée
marquée par l’accablante malchance. Le fait qui a certainement
déclenché cette frénésie d’aventures, ces parades rocambolesques ou
fugues éparses, ces éloignements prolongés et autres bohémienneries
ataviques, restera l’absence par désertion du paternel. Car Frédéric
Rimbaud père (ne pas confondre avec le grand frère d’Arthur lui aussi
prénommé Frédéric) a « abandonné » sa famille en 1860 après avoir
largement été inexistant pendant les premières années de vie de ses
enfants, il n’aura même pas pris ou pu prendre le temps de connaître
Isabelle, sa petite dernière….(…)